Maternal healthcare: the case of Morocco
Abdelahi Belghiti Alaoui, Ministère de la santé
Le besoin d’accélérer la réduction de la mortalité maternelle (et infantile) s’est posé avec acuité au Maroc depuis la publication des résultats de l’enquête PAPFAM en 2004. Cette enquête a montré une stagnation du quotient de mortalité maternelle malgré les efforts consentis en matière de maternité sans risque depuis la fin des années 1980. Avec le changement de gouvernement ce problème s’est trouvé au premier rang des priorités de santé. Une commission nationale d’experts a été mise en place pour proposer un plan d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle. Parce qu’il s’agit d’« accélérer » la réduction de la mortalité et d’éviter de refaire les interventions qui n’ont pas eu d’impact, il était nécessaire de s’engager dans une recherche synthétique de bases factuelles pour construire le nouveau plan d’action. Deux méthodes ont été ainsi retenues : • L’audit de toutes les structures d’accouchement au nombre de 607 sur la base d’un référentiel regroupant une centaine de critères dont les fonctions SONU. • L’analyse par un comité d’experts des études disponibles et des expériences de pays pour arrêter les interventions et les expériences probantes pouvant orienter les nouvelles interventions. Le résultat de cette analyse a permis d’examiner les plans d’actions antérieurs sur en les confrontant aux bases factuelles. L’audit a permis d’apporter la première explication à la stagnation de la mortalité maternelle en montrant que la majorité des structures d’accouchement n’était pas en mesure d’offrir des SONU. En effet sur les 518 maisons d’accouchement, seules 101 réalisent les fonctions SONU de base (28%) au moment où 60 maternités hospitalières sur 89 réalisent les fonctions SONU complets (69%). L’audit a relevé également l’absence de continuité de l’offre de la césarienne dans la majorité des maternités hospitalières (absence de système de garde) et l’insuffisance de sages femmes puisque 242 maisons d’accouchement sur 518 (47 %) disposent de moins de 2 sages femmes. La revue des plans d’actions antérieurs sur la base des bonnes pratiques et du benchmarking a permis quant à elle d’identifier des interventions pertinentes qui ont été ignorées dans les stratégies antérieures pour diverses raisons. Il s’agit notamment de 3 barrières à l’accès aux SONU : (i) Le manque d’argent chez 74% femmes (PAPFAM 2004) ; suivi de (ii) l’éloignement chez 60 % des femmes (PAPFAM 2004) et du (iii) manque de transport chez 46 % des femmes (PAPCHILD, 1996). Les résultats de l’audit des structures d’accouchement, de l’analyse des études et du benchmarking étaient suffisamment probants pour amener les décideurs politiques à prendre des décisions historiques au Maroc comme la gratuite de l’accouchement et de la césarienne, le dédoublement des effectifs des résidents et des sages femmes en formation, la mise en place de système de régulation de l’urgence obstétricale et d’un système de surveillance des décès maternels qui repose sur la déclaration obligatoire des décès de femme entre 15 et 49 ans. Cette démarche de formulation stratégique qui repose sur l’utilisation des preuves et de l’avis des experts a permis au Maroc de disposer d’un plan national crédible et fort des décisions historiques prises et qui sont déjà en majorité mises en place.
Presented in Session 104: Maternal health in the Arab world